mardi 29 mars 2016

Le timing, évitez de vous dérégler!




Le timing est très probablement l’outil le PLUS important de toute votre boite à outils. Pourquoi? Parce que sans le timing, c’est le conflit assuré. C’est d’ailleurs la cause de nombreux problèmes et conflits avec les équidés. La principale façon dont apprennent les chevaux c’est par le conditionnement opérant (le cheval nous offre un comportement désiré, il est récompensé) et par le conditionnement classique (associer une réponse connue à une réponse inconnue pour avoir le comportement désiré), dans les deux cas c’est par conditionnement que le cheval apprend. Un lien de cause à effet simple, on impose une pression et s’il se déplace, cette pression s’en va, donc pour être récompensé, il doit se déplacer. Et si la pression se retirait trop tard? Et si la pression se retirait trop tôt? Et si elle ne se retirait jamais? N’oublions pas qu’un cheval fait un lien entre un comportement et une récompense lorsqu’elles sont séparées de 0,5 seconde ou moins… Ce qui veut dire qu’un manque de timing pourrait rendre le cheval confus ou frustré, car il ne comprendrait pas du tout ce qu’on attendait de lui! S’il est incapable de reconnaître la demande, car le retrait du stimulus n’est pas fait au bon moment, il ne saura pas comment y répondre.

Une demande claire, associée a cette réponse


Un mauvais timing peut récompenser un mauvais comportement si le stimulus se retire trop tôt. C’est souvent ce qui arrive lorsqu’un comportement non désirable apparaît chez le cheval : mordiller pour avoir des friandises, donner des coups de tête pour avoir de l’attention, mettre les oreilles en arrière pour avoir sa moulée plus rapidement, se frotter la tête sur son maître afin qu’il la lui gratte, etc. Au lieu d’attendre que le comportement cesse, le cavalier va céder et répondre aux désirs du cheval. Si ces comportements sont encouragés de cette façon, ils resteront et se développeront. Le mauvais comportement est alors récompensé, s’installera et deviendra encore pire avec le temps, car le cheval sait qu’il est possible d’avoir ce qu’il désire avec un peu d’insistance. Plus ce comportement sera installé depuis longtemps, plus il faudra de la patience pour le faire partir. Comme le cheval sait que son bipède finit toujours par lui céder, il sera très insistant, mais la fermeté sera la clef. Un non restera un non et le comportement finira par atteindre l’extinction (procédé par lequel un comportement qui n’est plus jamais récompensé finira par s’arrêter… Bon ou mauvais!).

La récompense est très importante lors du travail


Un mauvais timing peut aussi créer des comportements indésirables si le stimulus se retire trop tard! C’est aussi un cas classique qui mène un cheval à la confusion et la frustration. Par exemple : on demande au cheval d’arrêter en tirant sur nos 2 rênes, le cheval stoppe et on garde la pression… Le cheval ne comprend pas pourquoi la pression est encore là, il doit avoir donné une mauvaise réponse, il continue de chercher la bonne réponse, il recule, il reçoit quelques coups de cravache ou de talon, il se cabre légèrement, le cavalier est surpris, il relâche la tension des rênes… Le cheval a trouvé la réponse désirée, même si ce n’était pas la bonne, c’est celle qui lui a permis de mettre fin à la pression. Le cavalier ne comprend pas du tout pourquoi son cheval a fait ça et il perd un peu confiance, il tiendra son cheval encore plus serré la prochaine fois. Le cheval, lui, a enregistré cette réponse dans son répertoire et la donnera de plus en plus rapidement lorsque le cavalier fera la même séquence de comportements, il est même possible qu’à un moment le cheval n’attende plus la séquence complète avant de donner cette réponse. Encore une fois, plus le temps passera, plus la réponse s’encrera et plus il faudra de temps pour l’amener à l’extinction.



La seule motivation du cheval, c’est lorsqu’il obtient le retrait de la pression ou un ajout gratifiant (une pause, gâterie, des grattouilles au garrot… quelque chose de payant pour lui), c’est tout! C’est ce qui motivera un cheval tout au long de sa vie! Il ne fera pas les choses pour vous faire « plaisir » ou pour être « gentil », et ne fera pas non plus de bêtises simplement pour être « méchant » envers vous ou pour se « venger » de quelque chose que vous auriez fait, c’est un animal, un animal merveilleux, qu’on adore tous, mais c’est un animal et sa pensée n’est pas aussi complexe que la nôtre dans le résonnement. Il faut donc savoir ce qui motive le cheval et faire très attention de récompenser au bon moment afin d’éviter tout conflit ou confusion chez lui. Plus nous serons précis, plus il apprendra vite! Cette précision dans le timing demande du temps et de l’apprentissage de notre part, il n’est pas toujours évident de relâcher au bon moment, ou de relâcher au bon moment sans reprendre tout de suite. Car ça aussi c’est un défi, surtout avec les chevaux énergiques, c’est déjà difficile de relâcher la pression et encore plus de ne pas la reprendre, par peur de perdre le contrôle… Et pourtant… Véronique de Saint-Vaulry en parle d’ailleurs souvent dans ses livres, plus on tient un cheval énergique, plus il sera agité. Notre bon sens nous indique de le tenir, mais ça ne fait qu’empirer les choses. Parfois, il faut avoir confiance, souvent même, on en reste souvent surpris!



Le timing il y a moyen de le travailler, de le rendre plus précis, de le développer. Cela peut être avec des simples exercices au sol entre bipèdes, on se fait des séances entre copains où l’un joue l’animal et où l’on fait subir toute sorte de bêtise à l’autre afin qu’il ait des simulations convaincantes avec lesquelles travailler. Pour avoir un bon timing il faut aussi développer son sens de l’observation. Pour une progression efficace, il faut récompenser la plus petite des bonnes réponses au bon moment! Parce que si on prend de trop grosse bouchée du premier coup, on va perdre la motivation du cheval. C’est avec un bon sens de l’observation qu’on pourra détecter le plus petit pas dans la bonne direction! C’est aussi avec cela qu’on peut éviter bien des accidents, un cheval en apprentissage peut commencer par vouloir éviter la pression et se défendre, il faut surveiller les signes et agir avec la plus grande sécurité, même avec un cheval que l’on connait bien, car il reste un animal avec des instincts de survie qui peuvent prendre le dessus à tout instant! La prudence est votre meilleur allié pour continuer d’être auprès des chevaux encore longtemps.



Voilà pourquoi le timing est le plus précieux de mes outils (avec la patience en fait)! Sans lui la progression ne se ferait peut-être pas aussi rapidement ou encore pire, pas dans la bonne direction hihi! 


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